Le mot du père…

La vigne, ça nous parle ! Dans la Bible, le Seigneur utilise plusieurs images pour nous faire comprendre de quel amour il nous aime, et quel type de relation il veut avoir avec son peuple, avec l’Église, avec chacun d’entre nous. Il y a bien sûr l’image du couple, l’alliance par excellence. Cette image traverse toute la Bible, de la Genèse à l’Apocalypse ; dans l’Évangile, le Christ lui-même se présente comme étant l’époux, et il est bien question de noces nouvelles et éternelles.

Il y a aussi l’image du corps, fortement développée chez Saint Paul : Le Christ est la tête d’un corps dont nous sommes les membres. Chaque membre a sa place, sa fonction, son importance, et contribue à l’édification du Corps entier qu’est l’Eglise.

Dans l’Évangile de ce dimanche, l’image employée est celle de la vigne. Empruntée au monde végétal, elle exprime la vie qui foisonne, qui est féconde et qui porte un fruit, dont on se sert pour faire le vin des Noces. En Provence, on connaît ! Dans l’Ancien Testament, la vigne désigne le peuple d’Israël, comme on le retrouve dans le psaume 79, ou chez St Matthieu (21,33-46) : cette vigne qui poussait en Égypte, le Seigneur l’a transplantée sur une terre fertile, il l’a choyée, entretenue, il a tout fait pour qu’elle porte un bon fruit. Hélas, qu’a-t-elle donné ? Un fruit amer. C’est toute l’histoire du peuple d’Israël qui, libéré de l’esclavage en Égypte, installé en terre promise, s’est mis à oublier son Seigneur, portant ainsi le fruit de l’ingratitude, de l’idolâtrie. Alors qu’a fait le Seigneur ? A-t-il arraché sa vigne chérie ? Non ! Il est venu parmi nous, s’est fait homme, à Noël, au point de pouvoir dire dans l’évangile d’aujourd’hui : JE SUIS LA vigne ! Il vient à notre place, donner en notre nom le fruit d’amour que nous n’avons pas donné. Il ne dit pas : Je suis le cep et vous les sarments, comme s’il y avait une complémentarité entre lui et nous, mais je suis LA vigne. Même si nous sommes unis à lui, greffés à lui, il sera toujours la totalité, le début et la fin de toute chose. Il nous rappelle également que ce n’est qu’en restant unis à lui que nous portons du fruit.

Cela change complètement tout, notre regard sur la vie spirituelle, notre vie de prière, de disciples de Jésus. Cela change aussi notre façon de comprendre le témoignage que nous pouvons porter, ce que l’on appelle l’évangélisation. Si nous ne sommes pas unis à Jésus, dans la prière, mais aussi dans la vie communautaire, dans la vie paroissiale (si nous avons bien compris ce que veut dire l’image de la vigne, nous voyons alors l’importance de la communauté), alors notre témoignage ne portera aucun fruit, il ne sera que slogan et propagande Bref, inutile et creux ! En revanche, si nous sommes enracinés dans un cœur à cœur avec lui, si la sève de notre baptême coule en nous, alors notre témoignage est fécond. Cela devient réellement une annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus dont on vit profondément. Il en va de même pour les services et tous nos engagements : si nous ne les faisons pas alimentés par cette sève d’amour, alors ce ne sont que des actions honorables, certes, mais vides. « En dehors de moi, dit Jésus, vous ne pouvez rien faire ». Je crois que le message est on ne peut plus clair ! Cela ne veut pas dire que l’on ne peut rien faire d’intéressant, mais cela signifie que pour contribuer au Salut du monde, il faut être uni au Sauveur, et animé par lui, habité par son esprit.

En ce mois de mai qui commence, quel plus bel exemple que celui de la Vierge Marie, elle qui a porté le plus beau fruit qui soit, Jésus, celui-là même de qui elle tient ce qu’elle est ! Si elle n’avait pas été unie à Dieu de tout son cœur, elle n’aurait jamais pu dire oui ! Si elle n’avait pas été habitée par lui, elle n’aurait jamais rendu visite à sa cousine Élisabeth. Si elle n’avait pas été animée par son amour, elle n’aurait jamais été présente de la croix à la Pentecôte avec les apôtres, et maintenant et à l’heure de notre mort !

Recherchons donc l’union profonde avec Jésus, dans la reconnaissance pour le fruit qu’il veut que nous portions, par lui, avec lui et en lui.

Père Christian