« Alors cette journée, comment me l’as-Tu préparée ? » Ainsi commence la journée de Marguerite qui s’affaire dans la sacristie, depuis l’aube. Fontaine, burette, calice, ciboire, patène, manuterge, tout est scrupuleusement vérifié et préparé. L’eau, le vin et les hosties sont comptés et mis avec soin à disposition de nos prêtres à l’église Saint- Louis avant la messe.
Cheftaine du rayon orfèvrerie liturgique, Marguerite est aussi votre servante pour maintenir à niveau les stocks de veilleuses et de bougies. A l’occasion de sa ronde des chapelles, elle ne manque pas, en passant devant Saint-Antoine, de lui demander doucement : « Mets-moi sur la route… guide-moi… ».
Mais savez-vous qui est Marguerite, du haut de ses 80 ans fraichement fêtés le 15 novembre dernier ? « Une fille toute simple », ditelle, née à Hyères en 1937. Sa foi, elle la tient de son père, qui a eu confiance en Dieu pour sa toute petite fille née rachitique. Aussitôt baptisée à la chapelle de l’hôpital, il la ramena dans une boîte à chaussures à la chaleur du foyer pour la cajoler et prier. Tout le monde s’était relayé autour de Marguerite qui a toujours été très entourée et « heureuse », me confie-t-elle les larmes aux yeux. Dès qu’elle sut péniblement marcher, accompagnée de sa marraine, Marguerite montait chaque semaine à Notre-Dame de Consolation. Elles allumaient une bougie et priaient ensemble pour sa guérison. « Dieu m’a poussée chaque fois pour aller y prier ». Ainsi apprit-elle le « Je vous salue Marie » dès son plus jeune âge et ne manque pas aujourd’hui de me rappeler à cette occasion, que les mois du rosaire sont octobre et mai. Car notre sacristine a animé le chapelet pendant ces seize dernières années.
Notre simple jeune fille est devenue infirmière à la Timone – de celles qui se lèvent à l’aube pour assurer leur service. Neurologie, cardiologie, chirurgie… elle a fait tout ces services, et elle en retient une expérience formidable, quasi sacerdotale, car elle est s’est donnée entièrement à son travail. Elle a beaucoup appris auprès de ses équipes. La relève faite, Marguerite avait l’habitude de filer à la messe sur le chemin de la gare Saint-Charles et chantait avec grâce, de tout son coeur.
Elle revint sur Hyères à la retraite et fréquentait l’église Saint-Louis où elle fut repérée pour s’occuper d’abord de la chapelle de Notre Dame de l’Assomption. « Elle était toujours nickel ! », me dit-elle fièrement. Puis elle me glisse avec son air de Luciano (d’origine piémontaise) : « mon défaut : être un peu maniaque sur les bords ». Puis ce fut le temps d’accompagner les obsèques, les mariages, jusqu’au jour où le Père Terrade lui confia la sacristie : « Sacristine ! J’ai dit oui tout de suite ». Une consécration pour Marguerite.
La messe du 24 septembre dernier mettait à l’honneur tous les serviteurs. Marguerite Luciano, Paulette et Jean-Claude Lemaître ont été décorés de la médaille diocésaine ce même jour, en reconnaissance de leur fidélité au service de l’Eglise.
Anne-Sophie