Prière (I)

y a dans notre monde occidental, et c’est peu de le dire, une soif de spiritualité immense et inassouvie. On rêve de se poser, on rêve d’intérioriser, de méditer, de trouver la paix intérieure, de gérer ses émotions, en un mot de se retrouver… Cela passe par une multiplication de propositions, de sessions, de séminaires, d’ouvrages sur le développement personnel, les méthodes orientales, la méditation laïque, les méthodes en tout genre. Les rayons spiritualité et religion connaissent un développement incroyable. Nous avons tous soif de paix intérieure et d’infini. Mais il y a souvent dans ces pistes proposées à boire et à manger…

Bonne nouvelle pour l’Eglise : parler de prière et de vie intérieure n’est plus « has been » ! Bien plus, c’est devenu pour l’Eglise une urgence missionnaire. Sans compter que la vie spirituelle est la pierre de fondation de tout l’évangile : ce que l’on appelle « le primat de la grâce », autrement dit : « sans la grâce de Dieu, sans la force de Dieu, sans l’amour… je ne suis rien ; je ne suis qu’un cuivre qui résonne, qu’une cymbale retentissante ». Toutes les crises de foi et de vie chrétienne sont essentiellement des crises de prière.

Evangelii Gaudium : « 2. Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée. Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus. Même les croyants courent ce risque, certain et permanent. Beaucoup y succombent et se transforment en personnes vexées, mécontentes, sans vie. Ce n’est pas le choix d’une vie digne et pleine, ce n’est pas le désir de Dieu pour nous, ce n’est pas la vie dans l’Esprit qui jaillit du cœur du Christ ressuscité. 3. J’invite chaque chrétien, en quelque lieu et situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui ».

Nos arguments habituels « je n’ai pas le temps », « c’est du temps perdu », « je ne sais pas quoi dire », « je ne sais pas comment faire », « je m’ennuie », « c’est pas mon truc »… ne tiennent pas devant la constatation que « j’en ai besoin ». Quand c’est nécessaire, on trouve toujours le temps : trouvons-nous le temps de respirer ? Oui… c’est nécessaire. Trouvons-nous le temps de manger, de nous détendre et de nous reposer, de voir nos amis ? C’est parfois plus compliqué. Trouvons-nous le temps de regarder le mondial ?

Retenons cette grande vérité : la prière est la respiration de l’âme. Gandhi disait : « On peut vivre quelques jours sans manger mais non sans prier. La prière est la clef du matin et le verrou du soir ».

Père Benoît Moradei