Le mot du père…

Et si l’on avait plus de talents qu’on pensait ? 

Nous sommes dans un monde où l’individualisme pourrait devenir la norme et l’oxygène que nous respirons. Trop de personnes en subissent les conséquences, et en cette journée mondiale des pauvres, nous ne pouvons que constater cela. Tant de personnes dans nos sociétés souffrent de ne pas trouver leur place au point de finir par croire qu’elles n’en ont pas. Car la conséquence de cet individualisme, c’est l’esprit de compétition, le besoin de trouver sa place, de prouver qui l’on est… et donc de se regarder, de se comparer, d’énumérer ses compétences, ses qualités, ses talents. Quel dommage !

Et surtout, quelle erreur ! Nous sommes tous uniques, et tous précieux aux yeux de Dieu, mais aussi tous différents, tout en étant égaux. L’égalité et la similitude sont deux choses différentes. « Jésus a mis devant mes yeux le livre de la nature et j’ai compris que toutes les fleurs qu’Il a créées sont belles, que l’éclat de la rose et la blancheur du Lys n’enlèvent pas le parfum de la petite violette ou la simplicité ravissante de la pâquerette… J’ai compris que si toutes les petites fleurs voulaient être des roses, la nature perdrait sa parure printanière… », écrivait Ste Thérèse de Lisieux

Si nous apprenions à nous réjouir des talents des autres, sans nous demander si nous avons, nous aussi ,ces mêmes talents, ce serait tellement plus simple. Nous pourrions nous émerveiller de l’Autre comme d’un mystère que l’on reçoit, et l’on poserait alors sur nous-même ce même regard simplifié, unifié, découvrant alors quelque chose de notre propre beauté, de notre propre valeur, de notre propre mystère. Ces talents que nous croyons être notre propriété et notre signature, même si nous les avons travaillés et développés, n’oublions pas d’où ils nous viennent. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l’avais pas reçu ? » ( 1 Cor 4,7). Pour prendre véritablement de la hauteur, ne cherchons pas à nous grandir…avec des talents ! Gardons humblement les pieds sur terre et le cœur en Dieu.

Les talents les plus hauts

L’Evangile parle de réalités encore plus belles que nos qualités personnelles et nos talents au sens moderne du terme. « Les talents, c’est le patrimoine que le Seigneur nous confie. Quel est ce patrimoine ? Sa Parole, l’Eucharistie, la foi en notre Père céleste, son pardon… en somme, beaucoup de choses, ses biens les plus précieux. Voilà le patrimoine qu’il nous confie. Non seulement à conserver, mais à faire fructifier !» (Pape François, Angélus, 16/11/2014)

Nous avons reçu à notre baptême le don de la foi, et ce n’est pas rien. Nous sommes devenus enfants de Dieu, « héritiers de Dieu, cohéritiers avec le Christ » (Rm 8). Et c’est la raison pour laquelle il est important, chaque jour, que l’Homme Nouveau en nous se développe, en prenant du temps pour prier, pour parler à Notre Père, pour l’écouter, parce que c’est là que notre foi grandira et que notre vie spirituelle se fortifiera. Être enfant de Dieu, c’est le plus beau des talents, qu’en faisons-nous ?

Ce talent aiguille notre action et oriente notre vie

Dans ce même Angélus, le Pape poursuit : « Jésus ne nous demande pas de conserver sa grâce dans un coffre-fort ! Jésus ne demande pas cela, mais il veut que nous l’utilisions pour le bien des autres. Tous les biens que nous avons reçus, c’est pour les donner aux autres, et ainsi qu’ils fructifient. C’est comme s’il nous disait : « Voici ma miséricorde, ma tendresse, mon pardon : prends-les, et fais-en un large usage ». Et nous, qu’avons-nous fait ? Qui avons-nous « contaminé » par notre foi ?[…]Cette parabole nous pousse à ne pas cacher notre foi et notre appartenance au Christ, à ne pas enterrer la parole de l’Évangile, mais à la faire circuler dans notre vie, dans les relations, dans les situations concrètes, comme une force qui interpelle, qui purifie, qui renouvelle. […]  La Vierge Marie incarne cette attitude de la façon la plus belle et la plus complète. Elle a reçu et accueilli le don le plus sublime, Jésus en personne, et à son tour, elle l’a offert à l’humanité avec un cœur généreux. Demandons-lui de nous aider à être « des serviteurs bons et fidèles » pour participer à « la joie de Notre Seigneur ».

P. Christian Pradeau, C.O