Le mot du père…

« Tous frères »« Nous sommes tous frères », dit le pape François*. Quelle que soit notre origine, l’autre n’est pas une menace, mais une créature de Dieu, un frère donné par Jésus.

Hier soir encore, une jeune maman, nouvelle convertie, me disait : « il y a à peine quelques mois, avant le parcours Alpha, la religion n’était pas du tout attirante ; pour moi, la religion était synonyme de violence et de guerre ».

Beaucoup de Français, en effet, ont en mémoire les « guerres de religions » – preuves de la méfiance qu’il faut garder vis-à-vis des religions en général. Pourtant le message du Christ et de l’Église, c’est tout l’inverse : l’amour et la réconciliation entre les hommes. Oui, des hommes ont bien utilisé la religion pour faire le mal ; mais ils ont utilisé aussi la philosophie, l’athéisme, la politique, ou l’économie, pour faire la guerre et tuer d’autres hommes : cela n’est pas lié à la religion, mais au cœur de l’homme qui est bien malade et bien violent. Oui, au nom de Dieu, des hommes ont tué d’autres hommes ; mais au nom de l’athéisme également, des hommes ont tué d’autres hommes, avec des moyens autrement plus importants d’ailleurs – pensons à Staline, Pol Pot, Hitler… et tant d’autres dictateurs sans religion. La violence est-elle liée à la religion ou au cœur des hommes qui sont violents ?

Fraternité humaine. Déjà en 2019, le pape François avait signé un document sur la Fraternité humaine à Abu Dhabi : « Au nom de la « fraternité humaine » qui embrasse tous les hommes, les unit et les rend égaux… (j’affirme que) la foi amène le croyant à voir dans l’autre un frère à soutenir et à aimer ». Ce texte, signé (évènement historique) aussi par le Grand Imam d’Al-Azhar, parle de points très concrets et de vision de l’homme : « De la foi en Dieu, qui a créé l’univers, les créatures et tous les êtres humains – égaux par Sa Miséricorde –, le croyant est appelé à exprimer cette fraternité humaine, en sauvegardant la création et tout l’univers et en soutenant chaque personne, spécialement celles qui sont le plus dans le besoin et les plus pauvres ».

Concrètement, cela nous invite à insister sur la dimension fraternelle et caritative de nos paroisses. Aimer tous les hommes, cela commence par aimer celui qui est là, devant moi. Bien accueillir, par exemple, est fondamental : lorsque nous nous retrouvons, nous avons spontanément tendance à aller vers ceux que l’on connaît déjà ou qui nous ressemblent… les nouveaux venus se sentent immédiatement exclus. Nous sommes si bien entre nous, que nous sommes incapables de voir ceux qui poussent timidement la porte. La première vigilance, c’est celle de l’accueil des personnes nouvelles ou seules. Une paroisse qui serait incapable de sortir d’elle-même pour s’ouvrir aux inconnus serait une paroisse en train de mourir. L’accueil de chacun est absolument fondamental, vital, pour des chrétiens. Comment nous comportons-nous à l’église lorsque nous arrivons, que nous croisons quelqu’un, que nous nous asseyons ou que nous sortons ? Sommes-nous prêts à perdre un peu de temps avec l’autre pour faire connaissance, ou bien essayons-nous de rester à l’écart des autres pour ne pas être ennuyé ? Je suis frappé par la puissance du regard et de l’accueil : « je suis resté dans la paroisse parce que je me suis sentie accueillie et pas jugée ; on a pris de mes nouvelles ; on m’a invitée à revenir à telle ou telle activité » – voilà ce que me disait une nouvelle dans la paroisse.

Fraternités ? « Dans cette paroisse, il n’y en a que pour les fraternités ; si on ne fait pas partie d’une fraternité, on n’existe pas ». En entendant cela, je me suis dit qu’il y avait une mise au point à faire… Oui nous encourageons chacun à faire partie d’un groupe. Pourquoi ? Parce qu’un chrétien seul est un chrétien en danger : en danger de se refroidir, de régresser ou de tourner en rond. Nous avons lancé des petits groupes sur la paroisse, des « Fraternités », pour aider tous ceux qui veulent être disciples de Jésus à prendre les moyens de cheminer non pas tout seuls, mais en petits groupes. D’autres groupes existent également qui font ce travail (prière des Mères, Fraternité St-Laurent, Franciscains, Oratoire Dominical, Lectio…) Tous ces groupes ont pour particularité de réunir des personnes qui veulent avancer : AVANCER. Et pour avancer – qu’on me démontre le contraire – la relation fraternelle est nécessaire (pour différentes raisons que je ne développerai pas ici, mais que vous pouvez imaginer). Que chacun de nous continue avec joie et persévérance à maintenir ou à créer des liens fraternels : ce ne sont pas les curés de la paroisse qui le demandent, ni le pape : c’est Jésus lui-même ! Feu…

 

 

*« Tutti Fratelli » est la nouvelle encyclique du pape signée à Assise, sous l’égide de St François, ce dimanche 4 octobre. C’est sa troisième encyclique après Lumen Fidei sur la foi (publiée au début de son pontificat et co-écrite avec le pape Benoît XVI) et Laudato Si dont nous fêtons le 5ème anniversaire, sur l’écologie intégrale.

 

père Benoît