La croissance spirituelle et personnelle nécessite d’être plusieurs.

 

On ne grandit pas tout seul dans la vie. On n’a pas pu grandir dans la vie sans les autres : nos parents, nos éducateurs, nos amis, certains modèles… Rester seul, c’est un des meilleurs moyens de ne pas changer, de stagner. Oser se mélanger aux autres, c’est dérangeant, mais ça fait beaucoup grandir, parce que c’est une expérience vivante.

Imaginez que vous décidiez de devenir plus musclé. Si vous vous asseyez avec un livre de bodybuilding dans un large fauteuil, que vous sirotez un coca pendant ce temps et grignotez des Pringles, vous aurez beau souligner des passages, et même en apprendre certains par cœur… cela ne fera pas grossir votre masse musculaire. La seule manière de se muscler, c’est de faire de l’exercice.

Et bien, la famille, la paroisse, la vie fraternelle, c’est le lieu d’exercice idéal de la vie humaine et spirituelle. C’est ensemble que l’on peut le mieux grandir, en se portant et se supportant les uns les autres. Tout seul, c’est très difficile : si on vous coupe organe quelconque, un pied par exemple, et qu’on l’éloigne du corps, il ne grandira jamais ; pourquoi ? Parce que chaque membre a besoin du corps pour grandir ; or nous sommes les membres du Corps du Christ : nous avons besoin du Christ pour grandir, mais aussi besoin les uns des autres. On grandit plus vite et plus sûrement connecté aux autres.

Je peux témoigner que vivre en communauté m’a changé profondément. Je pensais que la communauté était un lieu protecteur ; elle l’est ; mais elle est aussi un lieu provocateur, parce que les autres sont différents de moi. La communauté, la paroisse, la vie de groupe en général, surtout si elle est vécue avec Jésus, est un lieu de conversion, parce que c’est un lieu d’échanges, mais aussi un lieu de blessures et de pardons – en un mot un lieu d’exercice !

J’ai vu des gens se mettre en route, redécouvrir la foi, et au bout de quelques mois, un an tout au plus tout abandonner, s’éloigner, souvent tristes et déçus… parce qu’ils étaient restés seuls. Le seul moyen que je connaisse pour grandir dans la foi, c’est de rejoindre un groupe, une fraternité, un service.

Extrait de l’homélie du P. Benoît Moradei, le 23 sept. 2018