Veilleurs de nuit…

Veilleurs. Jean-Baptiste et Marie sont les deux figures principales de l’Avent, ce temps qui conduit à Noël. Ils nous apprennent à « veiller » – comme le demande Jésus à ses disciples – à rester vifs et éveillés pour ne pas se laisser gagner par le sommeil, et attendre la venue de Jésus. Le sommeil dans la Bible est un symbole de mort ; s’endormir c’est mourir ; se réveiller c’est ressusciter ; veiller c’est rester vivant. La symbolique est claire : alors que tout le monde se laisse gagner par le sommeil (la paresse, la tiédeur, l’ambiguïté, la facilité, l’insouciance, l’indifférence, le divertissement), le veilleur reste debout, pour rester en vie et conscient de ce qu’il vit, conscient du bien à faire et du mal à éviter. Veiller, c’est aussi attendre et désirer : désirer l’avènement (mot qui a donné « avent ») de Jésus, son avènement à la fin des temps, ou à l’heure de notre propre mort, jour du grand face à face.

« Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation », demanda Jésus à ses apôtres dans le jardin de Gethsémani. Comment veiller, concrètement ? Premièrement en se débarrassant des ténèbres qui nous habitent ou qui nous guettent : la confession est généralement nécessaire pour renouveler l’illumination de notre baptême (« Tiens, quel jour vais je choisir pour me confesser avant Noël ? »). Deuxièmement, en venant à la messe plus fréquemment : la messe est le lieu du face à face anticipé. Jésus s’approche de moi dans l’Eucharistie, comme il viendra à la fin des temps. Nous le chantons dans l’anamnèse : « Nous attendons ta venue dans la gloire » – c’est une des plus anciennes prières chrétiennes, Marana Tha (Notre Seigneur, Viens). Troisièmement, veiller c’est prier ; c’est prendre un petit temps de prière chaque jour, et même, pourquoi pas, la nuit, moment du grand silence…

Prière de nuit. La grande tradition liturgique, c’est de célébrer la nuit les moments les plus importants de l’année, Noël et Pâques (la messe de minuit et la vigile pascale). On peut expérimenter cette prière de nuit également dans les monastères, en participant aux vigiles avec les moines. On peut vivre cette prière de nuit chez soi, en se levant volontairement, ou en transformant les insomnies en chapelets récités… On peut le vivre aussi dans la paroisse, en participant à l’adoration de nuit : chaque semaine, du mardi au mercredi, à Ste-Thérèse, plusieurs se lèvent pour confier la ville et le monde à Dieu, dans une heure d’adoration nocturne. « Dieu seul sait ce qui se passe dans le coeur de ces adorateurs en esprit et en vérité qui expriment leur amour en veillant des nuits entières auprès de l’Eucharistie. Au fil de ces heures, l’homme est transformé par ce qu’il adore ; il prend part à la Pâque du Seigneur, à sa mort et à sa résurrection. Ainsi naît l’homme eucharistique, homme d’émerveillement et de contemplation, habité par la joie et la paix intérieure. Ainsi naît l’homme marial, portant en lui son Seigneur dans la foi, homme visité de Dieu rayonnant de ses dons : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur et maîtrise de soi » (Cardinal Danneels). Sans aller jusqu’à prier la nuit, proposons-nous de prendre une heure d’adoration chaque semaine d’ici Noël. Que le Seigneur nous réveille, nous fasse le désirer et attendre.