Sommet

Sommet. Pâques est le sommet de l’année pour un chrétien. C’est la fête des fêtes : victoire du Christ mort et ressuscité, victoire de la vie sur la mort, du bien sur le mal, de la lumière sur les ténèbres. Cette victoire est acquise par Jésus au nom de l’humanité une fois pour toutes. Reste seulement, mais intensément, à adhérer au Christ, par la foi, pour entrer dans cette victoire complète et définitive. Cette adhésion, par la foi et par le baptême, ouvre un chemin de transformation, qui dure toute la vie jusqu’à « l’heure de notre mort » – et au-delà si nécessaire, dans cette zone de purification que l’on nomme si opportunément « purgatoire ». C’est donc la puissance supra atomique de la résurrection de Jésus-Christ qui entraîne chaque âme et le cosmos entier dans cette régénération si nécessaire au monde déchu pour passer du temps à l’éternité. Fêter Pâques c’est dire : je veux vivre avec le Vivant, je veux ressusciter avec le Christ, je veux l’éternité et la sainteté et la joie.

Pas de Pâques sans Rameaux… et pas de Rameaux sans Pâques ! Notre conscience post-chrétienne est parfois polluée par des habitudes rituelles qui nous font venir aux Rameaux pour acclamer le Christ Roi, mais nous laissent penser qu’on peut se dispenser du reste, du Triduum Pascal, de Pâques et de tout le reste… Les foules qui viennent (encore) aux Rameaux sans venir à Pâques s’arrêtent au générique d’ouverture – le thème musical est donné, la liste des acteurs apparaît, le titre du film, le nom du réalisateur -, mais ils sortent de la salle obscure au moment où le film commence, en jetant insouciants leur billet d’entrée, en pensant en avoir assez vu. Mais quelle erreur ! Et quel gâchis ! Le générique du film n’est que la promesse du film : ce n’est pas le film entier ! Il ne donne que l’avant-goût de l’histoire, et, surtout, on n’a pas le dénouement. Vous allez me dire : « J’ai déjà vu le film, je connais déjà la fin ». Qui n’a jamais regardé plusieurs fois certains films qu’il aime et qu’il a déjà vus, juste pour se replonger dans l’histoire, revivre les images, réentendre les sons, regoûter les émotions, déjà vécues plusieurs fois, mais chaque fois actualisées, réintégrées, revisitées en fonction de l’actualité personnelle, familiale et mondiale. Pâques est différente chaque année, car je suis différent chaque année.

Pas de Pâques sans Pentecôte. L’autre illusion serait d’oublier le but de Pâques : c’est la Pentecôte, le don inouï de l’Esprit Saint, l’Esprit de Jésus et du Père. Jésus est mort et ressuscité à Pâques pour déverser sur nous, comme un déluge de vie et non plus de mort, les eaux vives de l’Esprit Saint. La neuvaine préparatoire de la Pentecôte, du 30 mai au 9 juin, nous permettra d’invoquer ensemble le don de l’Esprit pour que se réalise la prière de Jésus : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12,49). Chers amis de passage, simples visiteurs de Pâques ou chrétiens fervents : ne passez pas à côté de cette invitation. Demandez à Jésus de vous donner sa lumière, c’est-à-dire son Esprit Saint. Vous souffrez peut-être d’une perte de foi ou de doutes récurrents sur le sens de la vie et sur l’amour de Dieu : « Viens Esprit de Jésus en mon coeur, mon esprit et mon âme… éclaire-moi, guide-moi, aide-moi ». Laissez-le entrer et vous apaiser. Il saura bien comment faire… confiance !

Soyez bénis.

Père Benoît Moradei