L’unité manifeste l’ADN profond de l’Eglise.

Eglise veut dire « rassemblement ». Jésus se compare souvent à un berger qui cherche à rassembler les brebis, à les protéger, à trouver celle qui est égarée pour qu’elle rejoigne le troupeau.

La peur secrète que l’on a parfois, c’est de perdre notre identité, notre liberté, notre originalité en intégrant un groupe. Mais c’est une fausse peur pour l’Eglise : l’Eglise n’est pas un moule. Toutes les expressions de la foi, tous les styles, tous les charismes, tous les milieux, tous les états de vie, tous les âges sont les bienvenus dans l’Eglise.

Deux choses importantes à retenir : nous appartenons les uns aux autres et nous avons besoin les uns des autres. Quand quelqu’un manque, nul ne peut le remplacer.

Nous lisons ceci dans la lettre aux Romains : « Puisque nous sommes un seul corps dans le Christ, nous sommes reliés les uns aux autres, et chacun a besoin des autres ».

Nous ne sommes pas faits pour la solitude. Dieu ne veut pas que nous restions seul pour affronter les difficultés de la vie. Je ne fais pas référence ici à la question du mariage. Je fais référence à la nécessité d’avoir une famille spirituelle pour pouvoir tout affronter, en particulier les moments difficiles.

« J’ai découvert récemment la vérité sur les Séquoia géants : s’ils sont si haut (80 à 90 mètres) et vivent si vieux (jusqu’à 3000 ans), ce n’est pas qu’ils ont des racines profondes (à peine un mètre ou deux), mais c’est qu’ils ont des racines interconnectées avec celles des autres séquoias ; ainsi ils peuvent se tenir les uns les autres dans les tempêtes et les incendies de la vie. Nous avons besoin les uns des autres ; nous sommes connectés les uns aux autres. »

« J’ai été frappé cet été par l’élan d’amour qui s’est noué autour de Josette, 65 ans. Malade d’un cancer depuis plusieurs mois, elle a perdu ses forces, mais pas ses nouveaux frères et soeurs, qui sont allés la visiter à l’hôpital, dormir chez elle pour la veiller, et le moment venu ont été là pour lui dire adieu. Jamais je n’oublierai la fraternité qui s’est construite autour de Josette. »

Construire des relations, construire une communauté, une famille, une paroisse, une amitié : Mon Dieu que c’est long ! et parfois un gros combat. C’est parfois compliqué et douloureux, parce qu’on est différents, mais aussi parce qu’on est pécheurs. Il peut y avoir comme chez les apôtres de la concurrence, de la comparaison ou de la jalousie.

La vie en famille, au travail, mais également en paroisse est un challenge. Mais vécu avec le Seigneur, avec sa grâce, des miracles peuvent se produire : je croise ici des gens que je n’aurais jamais rencontrés dans le monde. Je peux même croiser des « ennemis » et commencer avec eux par la grâce du Seigneur un chemin de pardon, de réconciliation.

Je peux témoigner que cela vaut vraiment le coup de relever ce défi de la relation, de s’ouvrir aux autres, de rejoindre la paroisse, et plus particulièrement de rejoindre un groupe de chrétiens, une fraternité, de ne pas se tenir à distance, de se mouiller et de mouiller sa chemise en créant de nouvelles relations. D’oser aller vers les autres.

Extrait de l’homélie du p. Benoît Moradei, dimanche 23 septembre.